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Itinéraire :

Départ : Pointe de l’Arcouest – Embarcadère de Bréhat
J0 : Bréhat > Brest / 189 Km / 1961m D+
CP1 : Phare de Saint-Mathieu (29 Plougonvelin)
J1 : Brest > Locmariaquer / 187 Km / 1972m D+
CP2 : Phare de Port-Navalo (56 Arzon)
J2 : Arzon > La Tranche-sur-Mer / 234 Km / 1538m D+
CP3 : Phare du Grouin du Cou (85 La Tranche-sur-Mer)
J3 : La Tranche-sur-Mer > Le Cap Ferret / 256 Km / 840m D+
CP4 : Phare du Cap Ferret (33 Cap Ferret)
J4 : Arcachon > San Sébastian / 217 Km / 2057m D+
Arrivée : Faro de Igueldo (Espagne Donostia-San Sébastian)

Transport :

Aller : TGV avec emplacement vélo payant : Paris > Guingamp puis TER Guingamp > Paimpol
Retour : TGV avec emplacement vélo payant : Irun > Paris

Hébergement

Brest : Hotel Center Brest Logis
Locmariaquer : Hotel La Voile
la Tranche-sur-Mer : Résidence de l’Océan
Cap Ferret : Hôtel des Pins

Récit

Le départ est prévu vendredi 8 juin à 22h mais ça a commencé bien avant avec une préparation plus psychologique que physique. J’ai eu peu de temps et de courage pour m’entraîner, j’ai enchaîné les séances de home trainer. Des vacances à vélo début mai ont, je pense, été décisives pour ma remise en forme après un hiver humide peu propice aux sorties vélo. J’ai stoppé les entraînements course à pied, une bonne excuse pour masquer mon peu d’entrain véritable pour courir en ce moment, sans parler de la natation !

Le second pic d’adrénaline est survenu le vendredi matin. Arrivé à la Gare Montparnasse, les cyclistes sont partout. Des clins d’oeil, des signes, des salutations : ça commence vraiment. Le départ du train approche, on emballe les vélos sur le quai. Notre wagon est le dernier, soit 200 mètres à transporter le vélo d’une main, les sacoches de l’autre. J’ai mal aux bras. Nous positionnons les vélos en limitant au maximum la gêne mais nous sommes obligés de les mettre devant les portes. Heureusement le contrôleur est accommodant et, au lieu de nous sermonner, nous indique les gares où il faudra dégager les portes. Sur le quai de Guingamp, tous les vélos attendent le train pour Paimpol. Nous remplissons le petit tortillard au point de ne plus pouvoir circuler librement dans le train. Le conducteur râle un peu mais se résigne rapidement devant l’impossibilité de réguler ce trafic incongru sans chef désigné. Nous serpentons à travers de jolies vallées bretonnes, sous le soleil, nous mettant l’eau à la bouche.

Après les 5kms à vélo pour rejoindre le départ, nous récupérons les dossards, dînons copieusement des galettes et des crêpes servies par un food truck. Nous prenons un dernier café (double) avant le départ pour nous mettre en forme. Des centaines de cyclistes, tous habillés d'un gilet jaune, le coucher de soleil sur la mer à côté de la ligne, l'euphorie et la peur du départ, l'instant est magnifique et mémorable.

Grace à l'efficacité de la mise en ordre d'avant départ, nous partons avec 15 minutes d'avance. Oubliées les bonnes résolutions de régularité, nous partons aussi vite que l'on peut, gonflés d'adrénaline, emportés par le flot des autres cyclistes. Le vent est favorable, les routes doucement valonnées, nous roulons groupés et fort. Je ne mange presque pas pendant les 2 premières heures. La nuit tombe rapidement, nous allumons tous nos lampes sans nous arrêter. Une file de lumières rouges perce dans la nuit. Nous passons Lannion, la baie de Saint-Michel-en-Grève où nous sentons les embruns de la mer sans les voir puis arrivons à Morlaix. 60km en à peine plus de 2 heures. Nous mangeons un morceau de sandwich puis la route continue. Une pause à Landerneau pour reprendre de l'eau, nous traversons Brest sans nous arrêter, faisant fi des feux tricolores et des sens uniques. La ville est à nous. Le manque de sommeil se fait sérieusement sentir à l'arrivée au phare de saint Mathieu, il est 4h du matin. Sa lumière resplendit dans le ciel. Encore 20km et nous pourrons dormir à l'hôtel réservé à Brest. Nous voyons au loin des éclairs sans entendre l'orage ni voir la pluie. Nous profitons autant que possible de pouvoir rouler au sec. En arrivant à l'hôtel, nous croisons un cycliste à Brest un peu perdu qui s'est manifestement trompé d'itinéraire. La suite sera sans doute difficile pour lui. Nous nous effondrons dans le lit pendant 2h30 et je me réveille presque frais pour le petit déjeuner à 8h30. Je mange copieusement avant de repartir pour 180km, sous la pluie cette fois.

Il pleut averse en sortant de Brest, une pluie intense mais douce, qui réveille sans violence. Cela ne me gène pas. Je perds un bidon accroché à ma saccoche arrière en passant sur un dos-d'âne. Il file directement dans les égouts emporté par le torrent qui circule dans le caniveau sur le côté de la route ne me laissant aucune chance pour le rattraper. Adieu souvenir de la BTR. Pas de question à se poser, nous aurions trop froid à nous arrêter sous la pluie. Nous entamons gentiment les bosses des monts d'arrée. La pluie finit par laisser place aux premiers rayons de soleil puis les nuages décident de partir définitivement. Les montées sont fréquentes mais douces. Nous faisons plus de pauses, donnons moins de rythme, la fatigue est toujours là. Lors d'une reconnaissance précédente, Arnaud avait rencontré Dom, du cyclo-club de Briec. Il nous accueille très gentiment vers 15h. Il a préparé une pizza, une tarte maison et un gâteau au chocolat. Nous faisons une pause de plus de 2h en discutant de tout et de rien avec sa femme et lui. Nous repartons avec des changements de rythmes réguliers en fonction de l'humeur de chaque instant. Dom nous laisse à Rosporden. Je commence à fatiguer des relances régulières. Nous nous perdons de vue ensuite, je continue seul avant de croiser à nouveau la troupe vers Plouharnel. Nous arrivons à Locmariaquer vers 21h45, dinons rapidement avant que le dernier restaurant encore ouvert ne ferme puis je m'effondre à l'hôtel. La nuit est réparatrice. Nous prenons le bac comme prévu à 9h20, validons le CP2 puis repartons. La pluie tombe rapidement et avec intensité mais ne dure pas longtemps. Nous traversons le sud-est de la Bretagne en rencontrant encore de nombreux pelotons ou cyclistes isolés. Nous déjeunons dans une pizzeria aux environs d'Herbignac vers midi. Nous avons accueilli dans notre groupe Simon pour la journée. Un grand monsieur très silencieux. Malgré mes inquiétudes, le vent et la pluie, le passage du pont de saint Nazaire s'effectue sans problème. Nous traversons les marais de Vendée sans rien trouver d'ouvert pendant sans doute une centaine de kilomètres. Nous finissons par tomber sur un café on ne peut plus local à Apremont où nous faisons le plein de limonade. Nous discutons un peu avec les habitués du café qui ne semblent pas tous très clairs dans leur esprit, c'est bon nous sommes définitivement dans un autre monde. Nous arrivons plein d'énergie et sous le soleil à La Tranche sur Mer. C'est malheureusement marrée basse et nous n'avons pas le courage d'aller nous baigner dans la mer à plus de 100 mètres de la route. L'hôtel où nous devions dormir est en fait fermé. Je n'arrive pas à convaincre Arnaud de dormir à l'extérieur. Nous négocions avec une personne présente sur place pour dormir dans l'un de ses appartements. Ce soir c'est encore pizza !

Nous repartons le lendemain sous la pluie. En faisant les courses le matin, nous croisons un groupe exclusivement féminin qui roule déjà depuis 60km pour réussir à passer la barrière horaire à temps. Certaines sont légèrement blessées, peu habituées à rouler sur de longues distances. Nous ne vivons sans doute pas l'épreuve de la même façon, après notre nuit réparatrice. Nous prenons au passage deux nouveaux membres dans le groupe. Nous roulons fort ce matin. La fatigue de la première nuit blanche est passée. Nous déjeunons le midi dans un café associatif trouvé par hasard à Thairé. Nous mangeons du pain et de la charcuterie servis par de jeunes retraitées très charmantes avant de devoir libérer le local pour laisser le club de bridge jouer sa partie habituelle du dimanche après-midi. Nous repartons pour attraper le bac juste à temps à Royan. Nous continuons ensuite à rouler fort jusqu'à Cap Ferret. Nous nous relayons sur les longues lignes droites et arrivons même à faire quelques accélérations juste avant la fin. Je me gave de chips et curly mis à disposition au checkpoint. Nous dînons à nouveau une pizza avant d'aller dormir à l'hôtel. Nous accueillons ce soir là Julien dans notre chambre et le faisons dormir sur le tapis au sol. Nous faisons également entrer nos 5 vélos dans les 2 petites chambres de ce bel hotel de style colonial. Les propriétaires ne nous en tiendrons pas rigueur. Nous prenons le bac à nouveau le lendemain matin à 9h30 après le petit-déjeuner. Nous croisons à nouveau le groupe de demoiselles qui ont à nouveau roulé une bonne partie de la nuit, y compris sous la pluie pour arriver à l'heure.

La traversée des Landes se fait sans encombre, à une bonne moyenne en faisant des relais propres et réguliers. Le groupe aide à garder le moral et le rythme sur ces grandes longueurs. Nous déjeunons dans un restaurant d'hôtel avec buffet à volonté. Nous sortons repus et prêts à en finir. La pluie et le vent arrivent à partir de Cap Breton. Météo France annonce alerte jaune. Les voitures sont très nombreuses sur la D810 que nous allons suivre pour traverser les Pyrénées Atlantique. Arnaud a froid et nous faisons une pause dans un café à Bayonne, après avoir traversé la ville presque intégralement en travaux. Les serveurs ne disent rien à propos de notre état humide et lamentable. Des bourrasques de vent nous déportent parfois de 1 mètre. Nous avons de beaux points de vue sur l'océan juste après Saint Jean de Luz sur la route de la Corniche. C'est alors que je casse mon câble de dérailleur arrière et me retrouve coincé sur le petit pignon. À 30km de l'arrivée ! Je suis prêt à terminer dans les côtes en danseuse s'il le faut ! Et pourtant, nous croisons de façon quasi-providentielle un réparateur vélo en vacances et encourageant les cyclistes passant par là. Il travaille chez vélo station près de Lorient et passe une semaine dans le coin. Il a fait la Gravel Tro Breizh il y a quelques semaines à peine. Il me répare très gentiment mon vélo, nous permettant de continuer dans de meilleures conditions. La pluie s'arrête mais le vent continuera à souffler très fort jusqu'à Saint Sébastien. Les routes sont de plus en plus larges, de moins en moins agréables, jusqu'à nous retrouver dans un tunnel en 2x2 voies très fréquentées. Nous décidons alors de sortir de la route principale et de terminer par les petites routes qui montent et qui descendent. Nous arriverons un peu après 23h. Après avoir pris une douche et un peu erré dans la ville, nous finissons par trouver un restaurant encore ouvert qui nous serre des burgers. Nous y croisons 2 coureurs avec lesquels nous partageons nos sensations et nos souvenirs. Comme beaucoup de ceux avec qui nous avons parlé, ils sont déjà dans la préparation de l'édition suivante !