La route des grandes Alpes
Le récit
La route des grandes Alpes est notre première expérience cyclotouriste de montagne. Bien sûr, nous y étions déjà allés mais pas plus de 2 ou 3 jours et jamais, en ce qui me concerne, chargé de deux sacoches pleines d'équipement. Ca faisait un peu peur, alors Annie a pris le strict minimum, de quoi tout faire passer dans une sacoche de selle Apidura. Ca faisait peur, mais ça faisait rêver aussi : la route est mythique, elle promet des points de vue époustouflants, une nature omniprésente, des paysages extrêmement divers, des bourgades aux origines fromagères certaines et des dénivelés quotidiens à 4 chiffres. Ca faisait peur, alors nous sommes partis modestement. Nous avons prévu des distances inversement proportionnelles au dénivelé. Nous n'avions pas envie d'arriver de nuit et de gâcher notre expérience par un quelconque objectif de performance. A l'époque du "quantify self", c'est une décision qui peut sembler étonnement contre intuitive et pourtant si naturelle et évidente. Ca faisait peur, mais nous avions simplement envie de profiter de ce voyage un peu osé.
En fait, nous n'avions aucune raison d'avoir peur. J'ai lu une fois quelque part, "une paso más es une paso menos", autrement dit "un pas de plus, c'est un pas de moins". Nous avons avancé presque à la vitesse d'escargots montant les cols les un après les autres, comme on égraine un chapelet. La vitesse n'était pas importante, il suffisait d'un effort constant et régulier. C'était un peu notre éloge de la lenteur ou notre mythe de Sisyphe. Il ne faut pas voir nécessairement ce qui arrive à Sisyphe comme une punition : c'est aussi pour lui une façon de voir son vœu exaucé, celui de la vie éternelle. Après un tel voyage, je le comprends un peu et je me rappelle encore avec délectation le plaisir de l'effort en montée suivi de la fébrilité dans la descente. Ce voyage était un rituel se répétant à l'infini, comme par exemple Annie insistant pour avoir une photo en haut de chaque col, comme une nouvelle récompense de la labeur quotidienne, moi tentant de négocier pour pouvoir, comme un enfant, descendre le col, ce cadeau durement gagné, un peu plus rapidement.
Partis de Beaune et ses célèbres hospices avec le regret de ne pas avoir pu visiter la moutarderie Fallot (fermée ce jour là), nous avons fait 100km en ligne droite vent dans le dos pour arriver sur les contreforts du Jura. Nous sommes passés rapidement à côté des grands lacs en se faisant la promesse d'y revenir un jour. Nous avons découvert la sombre Saint-Claude cachée au fond d'une vallée et avons été accueilli par un camping complet qui a réussi malgré tout à nous trouver une petite place. Nous avons été déçu par Genève qui n'a finalement rien de particulier que ce soit en terme d'histoire comme d'architecture. Nous avons goûté à toutes les villes fromage que nous avons traversé. Nous avons été éblouis par le lac de Serre-Ponçon et son côté plus sauvage à l'opposé d'Embrun. Nous avons littéralement plané en descendant une petite route en fond de canyon, le long d'une rivière lors d'une fin de journée ensoleillée pour arriver sur Digne, avant de retomber sur la laideur de l'urbanisme hâtif et récent des villes du sud. Nous avons étouffé sous la chaleur accablante du Lubéron avant de décider de prendre une voie cyclable pour en sortir un plus rapidement que prévu. Nous avons dormi sur une péniche à Arles, où la propriétaire nous a gentiment proposé de laver nos vêtements sous prétexte qu'elle adorait avoir les mains dans l'eau froide avec pleine de lessive. Nous avons navigué entre les flamands roses au sud de la Camargue puis entre les pins pour finalement atterir à Aix en Provence.
Définitivement, nous n'avions pas de raison d'avoir peur.
Itinéraire :
J1 : Beaune > Dommartin-lès-Cuiseaux / 104 Km / 774m D+
J2 : Dommartin-lès-Cuiseaux > Saint-Claude / 110 Km / 1816m D+
J3 : Saint-Claude > Thonon-les-Bains / 115 Km / 1636m D+
J4 : Thonon-les-Bains [Repos]
J5 : Thonon-les-Bains > Saint-Jean-de-Sixt / 100 Km / 1560m D+
J6 : Saint-Jean-de-Sixt > Beaufort / 54 Km / 1642m D+
J7 : Beaufort > Bourg-Saint-Maurice / 42 Km / 1163m D+
J8 : Bourg-Saint-Maurice > Modane / 105 Km / 1974m D+
J9 : Modane > Briançon / 92 Km / 1941m D+
J10 : Briançon [Repos]
J11 : Briançon > Embrun / 80 Km / 1866m D+
J12 : Embrun > Digne-lès-Bains / 95 Km / 1643m D+
J13 : Digne-les-Bains > Valsaintes / 108 Km / 1525m D+
J14 : Valsaintes > Cavaillon / 82 Km / 1322m D+
J15 : Cavaillon > Arles / 52 Km / 466m D+
J16 : Arles [Repos]
J17 : Arles > Saint-Martin-de-Crau / 117 Km /214m D+
J18 : Saint-Martin-en-Crau > Aix-en-Provence / 79 Km / 533m D+
J19 : Aix-en-Provence [Repos]
J20 : Aix-en-Provence > Marseille
Hébergement :
Dommartin-lès-Cuiseaux : Camping Yellow village
Saint-Claude : Camping La Martinet
Thonon-les-Bains : Camping de Saint Distille
Saint-Jean-du-Sixt : Camping du Crêts
Beaufort : Camping municpal Domelin
Bourg-Saint-Maurice : Camping Huttopia
Modane : Camping Les Combes
Briançon : Camping des 5 vallées
Embrum : Camping municipal de La Clapière
Dignes-les-Bains : Camping les Eaux Chaudes
Valsaintes : Camping Valsaintes
Cavaillon : Camping La Durance
Arles : Péniche Saint-Louis
Saint-Martin-de-Crau : Camping Provence
Aix-en-Provence : Camping Chantecler
Transport :
TER avec emplacement vélo gratuit : Paris > Beaune
Intercités de nuit avec emplacement vélo payant : Marseille > Paris
Les cols :
1/ Col de la Colombière / Altitude : 1613m
2/ Col de Saint Jean de Sixt / Altitude : 956m
3/ Col des Aravis / Altitude : 1486m
4/ Col des Saisies / Altitude : 1657m
5/ Col de Méraillet / Altitude : 1605m
6/ Cormet de Roselend / Altitude : 1968m
7/ Col de l'Iseran / Altitude : 2770m
8/ Col de la Madeleine / Altitude : 1746m
9/ Col du télégraphe / Altitude : 1566m
10/ Col du Galibier / Altitude : 2642m
11/ Col du Lautaret / Altitude : 2057m
12/ Col de l'Izoard / Altitude : 2360m
13/ Col du Fanget / Altitude : 1459m
14/ Col de l'Espinousse / Altitude : 838m
15/ Col de la Vayède / Altitude : 201m