Quelques retours d'expérience si vous voulez visiter l'Asie du Sud Est à vélo. Garanti partial et non exhaustif. Pays visités : Malaisie, Thaïlande, Cambodge et Laos.
Arriver, circuler, repartir
Entrer, sortir : nous avons atterri en avion à Kuala Lumpur et sommes repartis de Bangkok mais il est très facile de passer les différentes frontières (sauf en cas de pandémie, mais nous y avons échappé de justesse !). Dans la plupart de cas, nous pouvons faire le visa à l'arrivée. En 2020, le Laos renforce ses procédures et il devient nécessaire de prendre un visa à l'avance.
Passage des frontières : certains postes frontières au Cambodge et au Laos demandent une commission supplémentaire. Avec de la patience et de la persévérance, on peut l'éviter. Quelques bonnes pratiques vues sur Internet qui nous ont été utiles :
- Toujours demander à voir le document qui stipule d'où viennent les frais supplémentaires. Si on vous montre ce document, vous pouvez demander à le prendre en photo pour vérifier. C'est cette dernière astuce qui a changé la donne lors de mon passage au Cambodge.
- Toujours avoir des photos d'identité sur soi.
- Être patient. Au bout d'une trentaine de minutes, les douaniers Laotiens se sont lassés avant nous.
Logistique, durée : nous avons croisé beaucoup de cyclistes qui ne voyagent qu'en Asie du Sud Est pour une durée d’un à trois mois, le plus souvent sans matériel de camping. Il est très facile de trouver auberges et restaurants pas chers. En revanche, avoir un équipement minimum (moustiquaire, matelas, sac de couchage) vous permettra de dormir dans les temples (Thaïlande, Cambodge) et dans les commissariats de police (Thaïlande). C'est une expérience qui ne s'oublie pas.
Circulation : la Malaisie et le sud du Cambodge étaient les zones où les routes nous ont semblé les plus fréquentées, où il y avait le moins d'alternatives sur le réseau secondaire. Dans tous les autres cas, la circulation était paisible et agréable. Comme partout, il convient de faire attention aux chiens errants. Je me suis fait mordre en Thaïlande !
Saisons, moustiques : nous sommes restés entre novembre et février. À cette période il pleut comme toujours un peu en Malaisie mais il fait sec et chaud partout ailleurs. Nous n'avons pas eu de problème avec les moustiques, nous avons même acheté trop de répulsif (Sketolene au 7 Eleven en Thaïlande) ! Nous avons eu plus de problèmes avec les fourmis et les termites omniprésentes dans le sous-continent. Elles ont fait quelques trous dans le tapis de protection de la tente mais nous nous estimons heureux : nous avons entendus des histoires de tente mangée par les insectes pendant la nuit !
Nous y sommes passés
Malaisie
- Kuala Lumpur : la capitale, urbaine, moderne et traditionnelle à la fois. J'ai aimé ce mélange d'histoire vivante, de bâtiments coloniaux qui ne tombent pas en ruine, d'activité grouillante qui ne se laisse pas débordée, ses petites rues secondaires calmes et sa forêt vierge en plein milieu de la ville. On y trouve aussi de belles boutiques vélo bien achalandées et tout le contraste culturel de ce pays cumulant à lui tout seul presque toutes les grandes religions de la Terre.
- Cameron Highlands : petite ville connue pour sa production de thé et sa forêt vierge à 1500 mètres d'altitude. Il y fait frais. Nous avons eu de jolis points de vue sur les champs de thé au nord de la ville. Le sud était colonisé par les autocars. C'est aussi l'occasion de faire une jolie randonnée dans la forêt vierge en autonomie.
- Penang / George Town : ancienne ville coloniale qui a réussi à se renouveler. Elle est visitée autant pour ses vieux bâtiments que pour ses tags devenus célèbres. Nous avons pris le bateau pour l'atteindre et éviter les deux grosses autoroutes qui font le lien avec la terre. La ville est très touristique mais tranquille. Nous n'avons pas visité le reste de l'île.
- Langkawi : l'île la plus connue au Nord-Ouest du pays. Je n'en attendais rien de particulier, et je n'ai rien eu de particulier. Nous n'avons pas eu le sentiment d'être sur une île. La végétation, la culture et les villes ressemblent en tout point à ce qu'on trouve sur le continent. Je n'y ai pas trouvé d'intérêt.
Thaïlande
J'avais peur de la Thaïlande et de son tourisme démesuré. Nous avons soigneusement évité tous les centres touristiques principaux, sauf à y passer sans vraiment s'arrêter, par curiosité. Nous avons découvert un pays aux traditions préservées, très religieux et accueillant où chacun peut y trouver satisfaction.
- Krabi : nous n'y avons passé qu'une nuit pour se reposer. Il n'y avait rien de particulier si ce n'est toutes les facilités pour un touriste en manque de confort. Je suis content de ne pas y être resté plus longtemps.
- Khao Sok Lake : dans le cadre d'une excursion organisée, nous avons navigué et dormi sur ce lac de barrage devenu parc national. Les paysages y étaient fantastiques et la fréquentation relativement peu importante comparée à la côte. Nous sommes très satisfaits de l'agence par laquelle nous sommes passés : khao sok lake : national park tours & floating bungalows.
- Pattaya : juste pour voir. Sa réputation sulfureuse n'est pas usurpée : bars à danseuses, vieux blancs et jeunes Thaïes en mini-jupe, plage étroite et bondée surplombée de hauts immeubles et centre-ville glauque. Ça existe vraiment ! Quelques kilomètres plus loin, l'ambiance redevient rapidement beaucoup plus familiale mais la côte reste toujours très urbanisée. Il est difficile de bivouaquer.
- Chiang Rai : la ville borde la zone touristique du nord de la Thaïlande. Nous y trouvons des spectacles de lady boys, des cafés, des auberges et quelques agences de voyage. On est loin de la cohue qu'on imagine à Chiang Mai. Ça nous convient pour nous reposer.
- Nan : nous avons été hébergés par Tu, un hôte warmshowers charmant et Nan est devenue notre ville préférée de Thaïlande. La ville est centrée sur un ensemble de temples qui créent une ambiance aérée où il est agréable de marcher. La journée on peut profiter des quelques cafés en terrasse et restaurants, le week-end on peut diner au marché de nuit.
- Sukhotai : dans un style plus touristique que Nan, Sukhothai permet d'apprécier la richesse de l'architecture Khmer dans une ambiance relativement calme. Nous nous y avons fait une balade dépaysante au milieu des temples et autres ruines archéologiques.
- Bangkok : la mégalopole nous a oppressé et donné assez peu de satisfaction en retour. Il faut chercher pour trouver quelques endroits paisibles où on se plait à s'installer. Nous n'avions pas le bon état d'esprit pour l'apprécier lorsque nous y sommes passé. En flânant dans les différents quartiers, nous avons fini par trouver quelques endroits paisibles et des restaurants corrects.
Cambodge
- Sihanoukville : autrefois un petit port hippie, désormais des resorts et des casinos en construction concrétisent son ambition de devenir le futur Macao. Vous n'avez aucune raison d'y aller.
- Kampot : une petite ville tranquille, une bouffée d'air après Sihanoukville. Pour l'instant culturel, nous avons apprécié la visite d'une plantation de poivre tenue par un couple Franco-Belge avec dégustation à la fin.
- Kep : un ancien resort qui n'a pas subi la même transformation que Sihanoukville. La ville est très fréquentée par les touristes francophones et nous avons même dormi dans ce qui pourrait s'apparenter à un camping franchouillard. Vous pouvez acheter du crabe et du riz au marché. Il est sorti de la mer et cuit devant vos yeux.
- Takeo : une jolie surprise sur la route de Phnom Penh. Ça ne vaut pas un détour mais ça vaut bien une petite pause au bord de l'eau ou au marché du centre-ville si vous y passez.
- Phnom Penh : la capitale du Cambodge a bien changé en dix ans. C'est devenu une vraie métropole de taille moyenne. L'atmosphère y est moins étouffante que celle des capitales de Thaïlande et de Malaisie. De nombreux cafés bobo ont ouvert pour agrémenter la visite.
- Kampong Cham : la route le long du Mékong est plaisante, les alentours de Kampong Cham n'y dérogent pas. Si vous avez uniquement l'ambition de voir les dauphins du Mékong, passez votre chemin. Il est indispensable de louer une croisière et sans résultat garanti.
Laos
- Les 4000 îles et Don Det : il est possible de sauter d'île en île grâce à des bateaux à l'accès plus ou moins aisé L'ambiance y est très rurale à l'exception d'une île conquise par le tourisme hippie. Cela reste tout de même tranquille : à 21 heures, tout le monde dort. On se plait à contempler le flux du Mékong depuis la terrasse de l'auberge au coucher du soleil.
- Vientiane : la capitale est à la fois démesurée dans son architecture mais relativement calme. L'entrée s'y fait sans heurts et est incomparable avec les autres capitales d'Asie. Il n'y a pas grand-chose à y faire sinon profiter du temps qui passe, prendre quelques photos et un café.
- Vang Vieng : ville de débauche dans un pays de traditions. On y vient pour boire, faire la fête, dormir le jour et vivre la nuit. Ce n'est pas ce que nous cherchions.
- Luang Prabang : ancienne capitale au temps des Khmers, capitale de province et sans doute la capitale touristique du pays. Nous avons aimé ses vieilles maisons coloniales le long du Mékong, le centre-ville presque piéton et pouvoir s'installer dans le grand food court sur la place principale. Tout cela n'existe que pour le tourisme mais c'était sympa quand même.
- Slow boat sur le Mékong : deux jours dans un beau bateau en bois à fond plat, un peu plus de 500 kilomètres avec une nuit obligatoire à Pakbeng au milieu. Une bonne moitié de touristes, l'autre moitié qui descend au fur et à mesure dans les villages qui bordent le fleuve. C'était une balade agréable où le temps s'arrête. L'occasion de rencontres avec les autres passagers du bateau. Nous avions de la place pour bouger et de l'eau chaude. C'était un peu comme partir en colonie de vacances.
Nos routes préférées
- L'ascension vers Cameron Highlands : les petits villages au milieu de la jungle et les grandes étendues de palmiers à huile laissent place à de jolis champs de thé. Tout commence au barrage de Sungai Selangor avec l'ascension jusqu'à Fraser's Hill. Quelques cyclistes nous dépassent, il y a plus de vélos que de voitures, c'est bon signe. Nous passons ensuite par Sungai Koyan, dernier supermarché avant la grande ascension. La descente vers le nord se fait sur une route beaucoup plus fréquentée. Faire ce parcours dans le sens nord sud est sans doute beaucoup moins agréable.
- Les petites routes dans les rizières de Perlis : le cœur de la production de riz de la Malaisie. Des petites routes juste assez larges pour une voiture serpentent entre les rizières. Nous découvrons çà et là un étang ou une montagne. Le paysage est enchanteur et tranquille, une vraie bouffée d'air frais après les routes chargées du sud de la Thaïlande, nous sommes comblés.
- Les belles routes plates du sud de la Thaïlande : la jungle épaisse laisse place à des pinèdes, l'humidité s'est estompée, on a l'impression d'être en vacances dans le sud de la France. Même le vent persistant de face n'arrive pas à atteindre notre moral. Une fois dans les terres, une fois le long de la mer, les paysages se succèdent mais ne déçoivent jamais.
- De Vang Vieng à Luang Prabang en passant par la route de l'est : après la déception de Vang Vieng commence l'ascension vers Luang Prabang. On nous avait prévenu que la côte serait terrible et exténuante. Nous sommes passés par l'est, avons trouvé une route calme et régulière. Les points de vue sur les sommets autour étaient fantastiques.
- La route difficile de Phrao à Nan : oui c'était dur, certaines côtes à plus 16% nous ont forcé à descendre du vélo mais c'était beau et tranquille. La montagne ça vous gagne.
On n'a pas fait et on a bien fait
- Chiang Mai : les guides la vantent comme la perle du nord de la Thaïlande, bondée et touristique. Sur place, tout le monde nous l'a déconseillée. Chiang Rai et Nan n'ont pas à pâlir en face.
- "The Loop" à partir de Thakek au Laos : on a hésité à faire cette route connue des touristes à moto. On trouve aussi joli voire plus dans le nord et moins fréquenté. Je pense que ça ne vaut pas le coup de faire un détour pour ça.