En pratique : l'Iran
Quelques retours d'expérience si vous voulez visiter l'Iran à vélo. Garanti partial et non exhaustif.
Arriver, circuler, repartir
Tout est bien expliqué sur le site Caravanistan. Toutes les frontières sont ouvertes. Parmi les options les moins connues pour entrer ou sortir du pays, il existe des bateaux vers les différents pays du Golfe, notamment Dubaï aux émirats arabes unis.
Un visa est nécessaire pour les passeports français. Vous devez l'obtenir au plus tôt trois mois avant d'entrer dans le pays. Le visa est valable un mois renouvelable (dans le pays). En amont de votre visite à l'ambassade, vous devez faire une demande via un site internet, soit directement celui du ministère Iranien, soit par une agence comme HelloPersia. Le site du ministère a tendance à mal fonctionner mais l'agence est payante. Nous vous encourageons à faire votre demande sur le site du ministère un mois à l'avance puis à passer par HelloPersia deux semaines à l'avance en cas d'échec.
Les routes sont larges et même si les Iraniens conduisent en ignorant les lignes blanches, ils s'écartent lorsqu'ils nous voient et ne roulent pas trop vite. Souvent une bande d'arrêt d'urgence circulable est présente. Il y a beaucoup de camions sur les plus grosses routes, ce qui rend la circulation moins agréable. On vous conseille donc de les éviter, et c'est souvent possible sauf à l'entrée des villes. L'entrée de Tabriz, celle de Téhéran et le rivage de la Caspienne sont réputées circulantes.
Nous y sommes passés
Nous aurions tendance à distinguer trois zones en Iran.
- Le nord : les villes sont moyennement intéressantes, les paysages jolis et variés et les gens super accueillants.
- le centre touristique de Téhéran à Shiraz : le patrimoine architectural est impressionnant, les paysages sont désertiques et un peu monotones, il y a beaucoup de touristes et beaucoup moins d'accueil.
- le sud après Shiraz : région beaucoup plus pauvre, les villes ne sont pas intéressantes, les paysages variés mais il faut chercher un peu, les gens redeviennent accueillants.
En détails :
- Tabriz : un joli marché, une mosquée impressionnante dans laquelle nous n'avons pas pu entrer sans bien comprendre pourquoi et un hôte warmshowers en or. Ça fait la différence. C'est une porte d'entrée agréable au reste du pays.
- Masouleh : un petit village prisé du tourisme local construit à flanc de montagne. Les maisons sont littéralement des cubes empilés les uns sur les autres. Le toit de la maison du dessous sert de rue pour accéder à celle du dessus. Nous l'avons visitée sous la pluie et la brume. C'est une ambiance que vous ne trouverez nulle part ailleurs en Iran.
- Rasht : il pleuvait ce jour-là, comme souvent sur la mer Caspienne. Nous ne sommes pas restés.
- Qazvin : on n'attendait rien, c'était une très bonne surprise. L'ancien caravansérail est magnifiquement restauré et sert de galerie chic. Tout y est beau et propre, et calme.
- Qom : c'est un haut lieu du chiisme, le second après Mashad. Nous avons été escortés par un Mollah pour visiter le mausolée. Il a répondu à toutes nos questions avec une sagesse et une bienveillance infinie. De quoi changer tout regard sur l'Islam.
- Kashan : la porte du désert pour nous. La première grande ville iranienne faite de torchis et de sable. Aussi le début de la zone touristique. Nous avons apprécié déambuler dans le bazar, les restaurants et les anciennes villas traditionnelles (une ça suffit).
- Isfahan : la plus touristique des cités iraniennes, l'ancienne capitale de Perse ne manque pas d'anciens palais, des sites historiques... et de touristes. Tout est payant, tout est cher mais tout est beau.
- Yazd : lorsque nous y passons, c'est notre énième cité du désert. C'est un crescendo dont elle est l'apogée. C'est une ville tranquille un peu moins touristique que ces voisines. On a bien aimé flâner dans ses rues étroites.
- Shiraz : Shiraz a moins de charme que les autres villes, ou peut-être étions nous blasés. Il faut visiter des monuments emplis de touristes pour réellement apprécier la ville. Bon, le bazar reste sympathique mais on était un peu déçus.
- Salty Dome : A vélo, nous avons eu le privilège de camper au milieu des montagnes colorées sans un bruit autour de nous. Si nous l'avions fait en voiture, nous aurions sans doute moins apprécié.
- Bandar Kong : Rien de particulier sinon le charme d'une petite ville portuaire tranquille. Une étape reposante bienvenue qui concluait à merveille notre tour d'Iran.
- Bandar Abbas : Autant filer directement à Hormuz.
- Hormuz : Une petite île de sel qui nous a rappelé le Salty Dome. Nous avons fait le tour à pied en dormant à la belle étoile sur la plage. La variété de paysages était étonnante.
Nos routes préférées
- De Novduz à Tabriz en passant par Kharvana. Une route presque déserte qui serpente dans les majestueuses montagnes arides du nord de l'Iran.
- De Khalkhal à Masouleh. Des paysages déserts mais préservés. Des nuages marins tentent de passer en vain une barrière minérale qui nous protège. Le changement de conditions météos a été très violent lorsque nous avons basculé vers la mer Caspienne.
- De Isfahan à Yazd en passant par Varzaneh et le caravansérail de Khargushi. La traversée du désert avec une nuit dans un caravansérail. Nous nous sommes sentis aventuriers d'un autre temps. Nous avons emporté 18L d'eau avec nous en prévision. La section en piste doit faire au maximum 30km.
- De Parsian à Bandar-e-Mogham. Une petite route qui longe le golfe persique. À notre droite l'océan, à notre gauche des formations minérales mélangées au sel qui vont de l'étonnant au spectaculaire. Je me souviendrai longtemps de cette falaise qui faisait écho au bruit des vagues, jusqu'à se demander si la mer n'était pas derrière.
On n'a pas fait mais on nous l'a recommandé
- Mashad : l'un des grands imams chiites y est enterré. Pour la culture.
- Le Kurdistan iranien : il paraît qu'on est très bien accueilli dans cette zone à l'écart des grandes routes.
- Kerman : une autre grande cité du désert, sur la route du Pakistan.
Gastronomie
- Chez l'habitant : ce sont clairement nos hôtes qui nous ont préparé les meilleurs plats. Nous avons trouvé la nourriture du nord plus variée et plus recherchée.
Le reste
Annie nous fait part de ses conseils mode : comment s'habiller lorsqu'on est une femme ?
L'Iran impose le port d'un tchador, de couvrir les bras et les jambes pour les femmes. Je ne voulais pas refaire ma garde-robe, je suis allée au plus simple avec ce que j'avais, voici ma tenue.
Sur le vélo
- J'ai caché mes cheveux avec un tour de cou (buff) et le casque
- J'ai mis mon maillot de cycliste à manches courtes avec les manchettes. Je les remontais d'1/4 lorsqu'il faisait chaud.
- J'ai utilisé un pantalon respirant. Quand il faisait chaud, je remontais le bas du pantalon jusqu'au mollet pour en faire un pantalon 3/4.
En ville
- Même idée que sur le vélo : j'ai caché mes cheveux avec un tour de cou. Lorsque j'ai eu l'occasion d'être hébergé, certains hôtes m’ont prêté un foulard.
- J'ai mis un t-shirt à manches longues
- J'ai mis un short avec un collant
- J'ai pris un t-shirt que j'ai attaché autour de la taille pour cacher mes fesses.
En pratique, nous avons observé que certaines femmes découvraient une partie de leurs cheveux sous leur foulard et remontaient les manches de leurs avant-bras et le bas de leurs jambes dans certaines régions.
La police est tolérante envers les touristes. Je n'ai presque pas eu de remarques mais avec ma tenue, on m'a souvent pris pour un homme !